samedi 19 mai 2012

Dietrich Fischer-Dieskau (1925-2012)




On apprenait hier la disparition du grand baryton allemand Dietrich Fischer-Dieskau. Naturellement, tout le monde connaît le chanteur, mais aussi l'homme, son rayonnement, sa bonté, son sourire, sa bonhomie, ces qualités qui firent de lui l'un des chanteurs les plus appréciés humainement, en même temps que l'un des plus marquants du siècle passé et, partant, de l'histoire du disque. Du fait de son incroyable faculté d'adaptation, de son éclectisme, de sa curiosité, de l'évolution de son style, Fischer-Dieskau, sans concurrent dans sa tessiture, s'imposa à peu près dans tous les répertoires, aussi bien dans le lied qu'à l'opéra, et renouvela ses lectures constamment. Partir à sa découverte est possible aujourd'hui à partir de quelques euros. Voici quelques essentiels pour ceux qui voudraient découvrir cette grande voix, autant que pour ceux qui voudraient compléter leur collection, car il en manque toujours un ou deux.

Pour une initiation, le CD-portrait édité il y a 15 ans par EMI (0,99 €) est parfait, mais donnera surtout envie d'en découvrir plus. Poursuivons donc la découverte : en piochant parmi les références suivantes, il y a de quoi faire un premier tour varié du répertoire du chanteur disparu, dans des enregistrements tous aussi indispensables, pour une trentaine d'euros environ.

Et si l'on commençait par le plus important ? Dans le lied, Schubert a marqué Fischer-Dieskau autant que celui-ci aura marqué son interprétation. Pour débuter, La Belle Meunière avec Gerald Moore (DG, 0,99 €), le Winterreise avec Barenboim (0,98 €) et le Schwanengesang de nouveau avec Moore (1,04 $) offrent un bel aperçu. On pourra poursuivre avec une petite anthologie avec Hartmut Höll (Apex, 0,99 €), et surtout, pour aller plus loin, la réédition des enregistrements Schubert pour EMI avec Gerald Moore, en 4 SACD hybrides (20,57 €) magnifiquement remasterisés est un indispensable. Le très beau coffret 21 CD chez DG (32 £) (indisponible sauf sur Amazon.co.uk) est quant à lui plus onéreux, mais à saisir avant épuisement.

Il ne faut pas oublier les autres compositeurs, toujours dans le lied : Beethoven avec Demus (DG, 2,52 €), mais aussi évidemment Mahler, mais pour ce dernier, pas d'autre choix que d'acquérir le CD incluant les enregistrements de jeunesse avec Furtwängler, Kempe et Barenboim (4,99 €), tout simplement indispensables. À noter toutefois les Chants d'un compagnon errant avec Kubelik (DG, 0,54 £). Enfin, les enregistrements plus récents avec les Berliner et Barenboim (Sony, 0,97$) ne manquent pas d'attraits. Puis, on s'attaquera à Wolf, à Liszt , à Brahms, à Schumann...

Passons à l'opéra. Fischer-Dieskau fut très tôt un incontournable de l'opéra en allemand, comme le démontre sa présence dans la fameuse Flûte enchantée de Fricsay, présente dans un très avantageux coffret 10 CD Mozart/Fricsay (Membran, 6,53 €). C'est pourtant dans l'opéra italien qu'il a laissé les plus grands souvenirs, avec le rôle-titre de Falstaff de Verdi : en témoignent des extraits live édités par Orfeo et que l'on trouve à prix réduits à l'étranger, soit moins de 5 £ sur Amazon.co.uk : volume 1 (1965-1976) et volume 2 (1976-1992). L'intégrale avec Bernstein (CBS/Sony, 2 CD) est malheureusement indisponible et hors de prix. Il faudrait encore ajouter Wagner, évidemment, mais il est difficile alors de rester économe...

Faire le tour dans ces quelques paragraphes est impossible. Car il ne faut pas oublier tout le reste, la musique sacrée, les œuvres pour solistes, chœurs et orchestres, toutes sortes de choses dans lesquelles Fischer-Dieskau excellent. Au premier rang, on retient ainsi le mythique Carmina Burana de Orff par Jochum (DG, 0,98 €). Ou encore les cantates BWV 56, 4 et 82 de Bach avec Karl Richter (Archiv, 7 €). Inoubliable Ich habe genug !



Mahler : Lieder eines fahrenden Gesellen
Dietrich Fischer-Dieskau, Orchestre symphonique de la NHK, Paul Kletzki
Paris, Salle Pleyel, 24 octobre 1960