jeudi 18 avril 2013

Colin Davis (1927-2013)



Révéré dans sa patrie, admiré partout ailleurs, Colin Davis est mort le 14 avril. Il restera comme l'une des grandes baguettes de l'âge d'or de la stéréo, sa carrière au disque couvrant plus de 50 années d'activité, depuis 1959.

Malheureusement, parmi ses principaux enregistrements, les plus célèbres, les plus remarquables sont pour la plupart indisponibles, notamment ceux effectués pour Philips. C'est le cas des mythiques concertos pour piano de Beethoven avec Claudio Arrau et la Staatskapelle de Dresde (en réédition, les 2 derniers sont abordables). Les symphonies avec le même orchestre (rééd. Newton, 20 €) ne sont pas tout à fait aussi marquantes. En accompagnateur, Colin Davis laisse également les concertos pour piano de Schumann et Grieg avec Perahia (Sony, 5 €), référence impérissable.

Autre pierre angulaire de la discographie de Colin Davis : Berlioz. Et de nouveau l'essentiel est indisponible, puisque le coffret 9 CD regroupant les enregistrements d'opéras (Benvenuto Cellini, Béatrice et Bénédict, Les Troyens) est épuisé et hors de prix. Reste pour se consoler la Symphonie Fantastique et d'autres œuvres orchestrales avec le London Symphony Orchestra (Philips Duo, 12 €), et le remake mythique de la Fantastique avec le Concertgebouw (Originals, 8 €), ainsi que le Requiem avec le LSO (Philips, 2 CD, 16 €). En ce qui concerne les œuvres lyriques on peut toutefois se consoler avec les superbes enregistrements plus récents avec le LSO, particulièrement des Troyens d'anthologie (LSO live, 4 CD, 35 €). Le plus avantageux est cependant de se tourner vers l'édition du bicentenaire incluant tous les enregistrements Berlioz/Davis pour LSO live (12 CD, environ 50 € sur Amazon.co.uk).

Mozart fut l'un des compositeurs les plus fréquentés par Davis, depuis ses enregistrements de jeunesse pour EMI (6 CD, 15 €), mais il y fut parfois considéré (et souvent à tort) comme assez secondaire. Il est regrettable que là aussi la plupart de ses enregistrements d'opéras soient indisponibles, hormis une Flûte enchantée très bien tenue (2 CD, 12 €) et l'un des meilleurs Enlèvements au Sérail (2 CD, 30 €). On pourra se consoler avec d'excellentes symphonies avec la Staatskapelle Dresden (Decca, 5 CD, 20 €), et aussi avec les Symphonies Londoniennes de Haydn, à posséder absolument, deux doubles CD à 12 € chacun (volume 1 et volume 2).

Peut-être autant que Berlioz, Sibelius est sans doute le legs le plus important de Colin Davis, avec trois intégrales des symphonies. La première, avec le LSO (RCA, 6 CD, 17 €) est une solution économique et bien rendue. Mais c'est surtout avec la seconde, à la tête du Boston Symphony (Decca, 5 CD), que Colin Davis s'est imposé comme grand interprète de Sibelius et promoteur de cette musique essentielle. Enfin, la récente intégrale enregistrée en concert avec le LSO dépasse peut-être encore les deux précédentes par sa tension orchestrale, et comprend qui plus est un Kullervo de référence.

Dans la continuité de Sibelius, l'une des initiatives les plus passionnantes de Davis ces dernières années fut de s'attaquer, à 80 ans passés, à Carl Nielsen, dont il laisse tout simplement la meilleure intégrale, la plus cohérente et la mieux réalisée, en trois SACDs séparés (symphonies n° 1 & 6, n° 2 & 3, n° 4 & 5, 15 € chacun). Enfin, le répertoire du siècle dernier fut défendu régulièrement et efficacement par Davis, qui laisse un superbe Peter Grimes de Britten avec Jon Vickers et Heather Harper (Philips, 2 CD, 12 €), une référence dans les concertos pour piano de Bartok avec Kovacevich (Philips, 5 €), un superbe SACD Walton avec le LSO (LSO live, 15 €), trois magnifiques versions du Child of Our Time de Tippett (avec le BBC SO, Jessye Norman et Janet Baker chez Philips (épuisé), avec la Staatskapelle Dresden (Hänssler, 20 €), et avec le LSO (LSO live, 15 €)), les trois symphonies d'Edward Elgar (LSO live, 3 CD), ou encore la meilleure référence récente des Planètes de Holst (LSO live, 10 €)

Une discographie généreuse, donc, avec quelques références incontournables. On espère simplement qu'Universal offrira dans un futur point trop éloigné des rééditions dignes de ce nom des Berlioz, Mozart et autres concertos de Beethoven par le chef anglais, ainsi que d'autres références difficiles à se procurer (d'excellents et introuvables Stravinsky notamment).