mercredi 27 février 2013

Marie-Claire Alain (1926-2013)



Personnalité incontournable du monde de l'orgue, Marie-Claire Alain nous a quittés hier. La grande dame de l'orgue, élève de Dupré et Duruflé, sœur de Jehan Alain dont elle fit connaître l'œuvre très largement, laisse comme héritage principal des dizaines d'élèves marqués par son enseignement, parmi lesquels on compte, pour les plus connus, Daniel Roth, Olivier Vernet, Vincent Warnier, ou encore Jean-Baptiste Robin.

Son legs discographique est parmi les plus fournis de l'instrument, grâce au label Erato qui l'accompagna pendant longtemps et auquel elle fit vendre plus de quatre millions de disques. Plus vraiment à la mode depuis les années 1990, la disponibilité de la grande majorité de ses enregistrements s'en ressent hélas. Pour avoir une bonne idée de l'art de Marie-Claire Alain, on peut se tourner vers ses deux dernières intégrales Bach (sur trois en tout), bien rééditées par Warner, et qui laissent entendre son versant pionnier, puisqu'elle fut l'une des premières à importer en France les principes de l'interprétation « baroqueuse ». La seconde (1978-1980) (15 CD, environ 26 € sur Marketplace) est fulgurante, quoique la technique éblouissante de Marie-Claire Alain lui attire parfois quelques reproches par son côté mécanique. La troisième (années 1990) (14 CD, en promotion sur Amazon.fr : 29,90 €) montre une approche plus souple et bénéficie d'instruments somptueux. Malheureusement, ses autres interprétations de baroque allemand (Buxtehude, Böhm & Bruhns), ou encore sa version la plus récente des Concertos pour orgue de Haendel, avec le Freiburger Barockorchester, sont bel et bien épuisées. De même, ses témoignages dans le baroque français, pourtant parmi ses meilleurs enregistrements, sont totalement indisponibles (Grigny, Couperin & Clérambault, et de nouveau Couperin sur le Clicquot de Poitiers avec les chantres de Versailles). Consolation un peu maigre : un album live de 2002 sur l'orgue Dom Bedos de Sainte-Croix-de-Bordeaux, entièrement consacré à Couperin, est disponible chez Triton.
Du côté du répertoire romantique, quelques rééditions à bas prix sont les bienvenues, et permettent d'entendre Marie-Claire Alain dans son Intégrale Franck de 1976 (2 CD, moins de 5 € sur Marketplace), dans les Symphonies de Widor (environ 4 € sur Marketplace), ou encore dans une anthologie Liszt de référence (environ 3 € sur Marketplace). Sans oublier les œuvres de son frère Jehan (2 CD, environ 8 € sur Marketplace). Et si ses Messiaen sont introuvables, on peut en revanche entendre Alain dans la fameuse 3e symphonie de Saint-Saëns dans deux versions, l'une avec Georges Prêtre et les Wiener Symphoniker (moins de 3 €), l'autre, préférable, avec Jean Martinon et l'orchestre national (environ 3 €), et en complément le superbe concerto pour orgue de Poulenc.

La discographie de Marie-Claire Alain, aujourd'hui perdue au milieu du catalogue de Warner, est un pan entier du patrimoine musical français du siècle dernier. Espérons qu'il sera de nouveau rendu dans sa pleine variété au public, à brève échéance...