Demandez la réédition de ce disque directement à Sony Masterworks sur Twitter :
Ask Sony Masterworks for a new release directly on Twitter :
Ask Sony Masterworks for a new release directly on Twitter :
Les quatuor Busch, de Budapest, Pascal, Capet, Hongrois, ou encore Barylli avaient certes déjà marqué ces quatuors, quoique tous n'en aient pas mené à bien l'enregistrement intégral. Des interprétations souvent captivantes (parfois elles aussi insuffisamment rééditées), alliant beauté sonore et romantisme tardif, dans un style généralement marqué par l'héritage viennois et les sonorités de la Mitteleuropa musicale. C'est pourquoi les années 1960 furent pour les quatuors de Beethoven un moment quasi-révolutionnaire, lorsque plusieurs quatuors s'emparèrent de Beethoven pour le jouer débarrassé de cet héritage vieille Europe et proposer une vision plus textuelle, non sans parenté avec les propositions du quatuor de Hollywood, et plus largement avec les symphonies de Toscanini.
Le quatuor Juilliard fut à l'avant-garde de ce renouveau américain de l'art du quatuor, qui s'étendit très vite à l'ensemble du répertoire depuis Haydn et Mozart jusqu'à la seconde école de Vienne et Bartok. Les Juilliard partageaient d'ailleurs avec le quatuor de Hollywood la mise en relation dans leur travail et leurs concerts entre le répertoire classique et romantique d'une part, et le répertoire du XXe siècle d'autre part, comme en témoignent leurs premiers enregistrements.
L'intégrale Beethoven réalisée entre 1964 et 1970 a beau pâtir de certaines prises de son peu adéquates, et de changements dans l'effectif du quatuor, c'est une vision décapante qu'y propose le quatuor Juilliard, sans aucune concession au charme sonore. La recherche permanente de la précision dynamique et rythmique, d'un style épuré et sans lourdeur, aboutit à une vigueur souvent jubilatoire. L'ensemble du corpus est ainsi offert dans une vision brute, ardente, authentiquement beethovénienne, et avec plusieurs sommets auxquels se comparent difficilement les concurrents de la discographie. Les trois quatuors Razoumovski op. 59 sont captivants d'intensité, le quatuor op. 74 (Les Harpes) n'a peut-être jamais été plus électrisant, et les quatuors op. 95, 130 (avec la Grande Fugue op. 133) ou encore 135 ne sont pas loin de trouver ici aussi une référence définitive.
Ce renouveau des quatuors de Beethoven dans les années 1960 fut également illustré par le travail du quatuor Guarneri (intégrale malheureusement moins marquante), du quatuor de Yale (coffret consacré aux derniers quatuors, tout aussi indispensable et peu coûteux) ou encore, en Europe, par le quatuor LaSalle dans les années 1970 (et plus près de nous par le quatuor Emerson). Les Juilliard revinrent dans les années 1980 aux quatuors de Beethoven, avec une intégrale enregistrée en concert (en trois coffrets : 1 / Middle String Quartets / 3), magnifique mais moins révolutionnaire (de même qu'un concert de 1996 réunissant les op. 130 et 135, splendides demaîtrise).
Ce coffret-ci, en revanche, est un incontournable historique et captivant. Réédité il y a plus de dix ans et depuis longtemps épuisé, il serait temps que Sony le propose de nouveau... Et pour s'en convaincre, quoi de mieux que d'en écouter un extrait ? Voici donc le premier mouvement du quatuor op. 74 Les Harpes enregistré en janvier 1965.