jeudi 28 février 2013

Van Cliburn (1934-2013)



De son nom complet Harvey Lavan Cliburn, celui qui était connu mondialement sous son nom de scène Van Cliburn est mort hier, 27 février, poursuivant une série noire depuis quelques jours pour les mélomanes. Lui qu'on savait atteint d'un mal incurable s'était cependant retiré de scène depuis longtemps (dès 1978, malgré un retour à partir de 1987), après avoir connu une carrière de véritable vedette dans les années 1960, pour des raisons au moins autant politiques que musicales suite à sa victoire hautement symbolique au premier concours Tchaïkovski de Moscou, en 1958, sur une décision d'un jury emmené par Sviatoslav Richter et Emil Gilels, et qui dut demander une autorisation spéciale au Kremlin pour déclarer un Américain vainqueur... La gloire s'était tassée par la suite et, en partie piégé par ses propres choix de répertoire et son refus de l'étendre largement au-delà des grands concertos romantiques, Van Cliburn demeurera avant tout le jeune pianiste texan adulé par les foules, au sourire un peu figé sur les couvertures des vieux disques Living Stereo.

Le coffret Complete Album Collection (28 CD + DVD) récemment (un peu trop opportunément) paru chez Sony reprend l'intégralité des enregistrements de Van Cliburn, à l'exception de quelques enregistrements de concert dépourvus de véritable intérêt sous d'autres étiquettes. Affiché à plus de 60 € ce coffret peut être acheté aux alentours de 45 € sur Marketplace.

Pour un bon aperçu, on peut également se contenter du coffret 7 CD consacré aux enregistrements de grands concertos romantiques (environ 15 € sur Marketplace), même s'il est dommage de se priver de certains disques solo, comme un époustouflant récital Chopin (3,58 € sur Marketplace), qui ne fait pas dans la dentelle...

Hors le catalogue RCA/Sony, le seul véritable indispensable est tout simplement l'enregistrement de la finale du concours Tchaïkovski de 1958, édité pour la première fois pour son cinquantenaire en 2008 par Testament (moins de 15 € sur Marketplace).

Heifetz & Piatigorsky Concerts (RCA, 21 CD) en précommande -40%




Les concerts donnés ensemble par Jascha Heifetz et Gregor Piatigorsky, et enregistrés dans les années 1960 et jusqu'en 1974, sont un joyau du catalogue RCA qui n'avait jamais fait l'objet d'une réédition complète et cohérente. C'est chose faite, grâce à ce coffret de 21 CD à paraître le 19 mars. Entièrement consacrés à la musique de chambre, ces concerts ont vu les deux solistes côtoyer des invités prestigieux tels qu'Arthur Rubinstein, Israel Baker, William Primrose, Leonard Pennario, ou encore Jacob Lateiner, dans un répertoire allant de Beethoven et Schubert à Dvorak ou Ravel, ainsi que quelques incursions dans le répertoire concertant avec le double concerto de Brahms, mais aussi du Vivaldi ou du Mozart. Un bric-à-brac qui a toutefois pour dénominateur commun la joie de jouer ensemble, devant un public qui venait nombreux assister à ces soirées, tout autour des États-Unis.

Cette mine d'or est annoncée à 50 € environ, mais est proposée actuellement en précommande à 29,28 € sur Amazon.es. Ne tardez pas, le prix peut augmenter à tout moment...
 

mercredi 27 février 2013

Marie-Claire Alain (1926-2013)



Personnalité incontournable du monde de l'orgue, Marie-Claire Alain nous a quittés hier. La grande dame de l'orgue, élève de Dupré et Duruflé, sœur de Jehan Alain dont elle fit connaître l'œuvre très largement, laisse comme héritage principal des dizaines d'élèves marqués par son enseignement, parmi lesquels on compte, pour les plus connus, Daniel Roth, Olivier Vernet, Vincent Warnier, ou encore Jean-Baptiste Robin.

Son legs discographique est parmi les plus fournis de l'instrument, grâce au label Erato qui l'accompagna pendant longtemps et auquel elle fit vendre plus de quatre millions de disques. Plus vraiment à la mode depuis les années 1990, la disponibilité de la grande majorité de ses enregistrements s'en ressent hélas. Pour avoir une bonne idée de l'art de Marie-Claire Alain, on peut se tourner vers ses deux dernières intégrales Bach (sur trois en tout), bien rééditées par Warner, et qui laissent entendre son versant pionnier, puisqu'elle fut l'une des premières à importer en France les principes de l'interprétation « baroqueuse ». La seconde (1978-1980) (15 CD, environ 26 € sur Marketplace) est fulgurante, quoique la technique éblouissante de Marie-Claire Alain lui attire parfois quelques reproches par son côté mécanique. La troisième (années 1990) (14 CD, en promotion sur Amazon.fr : 29,90 €) montre une approche plus souple et bénéficie d'instruments somptueux. Malheureusement, ses autres interprétations de baroque allemand (Buxtehude, Böhm & Bruhns), ou encore sa version la plus récente des Concertos pour orgue de Haendel, avec le Freiburger Barockorchester, sont bel et bien épuisées. De même, ses témoignages dans le baroque français, pourtant parmi ses meilleurs enregistrements, sont totalement indisponibles (Grigny, Couperin & Clérambault, et de nouveau Couperin sur le Clicquot de Poitiers avec les chantres de Versailles). Consolation un peu maigre : un album live de 2002 sur l'orgue Dom Bedos de Sainte-Croix-de-Bordeaux, entièrement consacré à Couperin, est disponible chez Triton.
Du côté du répertoire romantique, quelques rééditions à bas prix sont les bienvenues, et permettent d'entendre Marie-Claire Alain dans son Intégrale Franck de 1976 (2 CD, moins de 5 € sur Marketplace), dans les Symphonies de Widor (environ 4 € sur Marketplace), ou encore dans une anthologie Liszt de référence (environ 3 € sur Marketplace). Sans oublier les œuvres de son frère Jehan (2 CD, environ 8 € sur Marketplace). Et si ses Messiaen sont introuvables, on peut en revanche entendre Alain dans la fameuse 3e symphonie de Saint-Saëns dans deux versions, l'une avec Georges Prêtre et les Wiener Symphoniker (moins de 3 €), l'autre, préférable, avec Jean Martinon et l'orchestre national (environ 3 €), et en complément le superbe concerto pour orgue de Poulenc.

La discographie de Marie-Claire Alain, aujourd'hui perdue au milieu du catalogue de Warner, est un pan entier du patrimoine musical français du siècle dernier. Espérons qu'il sera de nouveau rendu dans sa pleine variété au public, à brève échéance...

lundi 25 février 2013

Wolfgang Sawallisch (1923-2013)



Disparu vendredi à l'âge de 89 ans, sept ans après sa retraite forcée pour raisons de santé, mort dans le chagrin un mois après unique enfant Jörg, Wolfgang Sawallisch restera l'un des pianistes et surtout des chefs les plus marquants du siècle dernier. L'un des derniers grands représentants de la tradition du romantisme germanique, il fut aussi l'élève du grand chef français Igor Markevitch, et en son temps le plus jeune chef à apparaître à Bayreuth en y dirigeant Tristan en 1957. Il mena par la suite pendant plus de vingt ans les destinées de l'Opéra de Bavière (1971-1992) et pendant dix ans celles du Philadelphia Orchestra (1993-2003) avant de se retirer pour raisons de santé au milieu des années 2000. Petit tour des disques disponibles, en essayant toujours de renvoyer vers les pages les moins chères et de mentionner le meilleur prix constaté...

Un symphoniste des plus subtils

Parmi le legs discographique de Sawallisch, on peut d'abord retenir quelques cycles symphoniques remarquables, parmi les plus subtils et équilibrés qui soient, à commencer par ses Schumann avec la Staatskapelle de Dresde (EMI) (2 CD, environ 11 €), référence incontestable pour une intégrale des symphonies. Moins inoubliables, ses cycles Beethoven avec le Concertgebouw (EMI/Brilliant) (5 CD, environ 15 €) et Brahms avec le London Philharmonic (EMI) (3 CD, environ 7 €) sont des modèles d'équilibre esthétique manquant parfois un peu de tension (en revanche, les symphonies de Brahms avec les Wiener Symphoniker (Philips), très grises, sont à éviter). L'intégrale des symphonies de Mendelssohn avec le Philharmonia (EMI/Brilliant), enregistrée dans les années 1960, est de son côté moins connue et pourtant remarquable (7 CD avec les symphonies de jeunesse par Lev Markiz, environ 20 €), vive et colorée. Enfin, son intégrale des symphonies de Schubert avec le London Philharmonic (Philips) est également une référence, disponible dans la collection Duo en deux volumes de 2 CD : symphonies 1 à 4 et symphonies 5 à 9 (environ 10 € chacun).

Sawallisch a également enregistré dans les deux dernières décennies de sa carrière quelques références plus rares, des témoignages précieux (mais plus onéreux), disponibles particulièrement chez Orfeo. C'est le cas des symphonies 1 et 2 de Weber avec l'orchestre de la radio bavaroise, et de la symphonie n°3 de Furtwängler, avec l'Orchestre d'État de Bavière. Il faut enfin mentionner ses Bruckner d'une grande clarté, à mi-chemin entre Böhm et Schuricht : les symphonies 1, 5, 6 et 9 avec l'Orchestre d'État de Bavière en CD séparés chez Orfeo, et la symphonie n° 4 avec Philadelphie (EMI).

Un accompagnateur précieux

Nombreux furent les artistes à témoigner de la qualité du Sawallisch accompagnateur, aussi bien au piano que sur l'estrade. Sawallisch fut ainsi le principal accompagnateur de Dietrich Fischer-Dieskau pour ses enregistrements de Lieder de Brahms chez EMI (EMI, épuisé). Avec Fischer-Dieskau également, les 2 CD de Lieder de Strauss enregistrés pour DG sont également épuisés et introuvables à un prix raisonnable...

On retrouve également Sawallisch avec Lucia Popp, pour un récital Strauss repris sous coffret EMI Icon (7 CD, environ 15 €) , avec Margaret Price, encore pour un récital Strauss (EMI, 7 €) et pour remarquable album Schubert (Orfeo, environ 15 €), ainsi que plus récemment avec Thomas Hampson, à ses côtés pour le Winterreise de Schubert (EMI, promotion 4,99 € sur Amazon.fr) et pour un excellent récital de Lieder de Schumann sur des textes de Heine (EMI, environ 8 € d'occasion). Et, pour revenir à Strauss, que Sawallisch fréquenta tant, on peut citer les albums de Barbara Hendricks (4 derniers Lieder) (EMI) et par Hermann Prey (Philips), épuisés cependant.

En musique de chambre, Wolfgang Sawallisch lègue principalement une intégrale de la musique de chambre de Richard Strauss dans laquelle il tient la partie de piano, originellement parue sous étiquette Arts, et désormais reprise dans l'édition Strauss de Brilliant (35 CD, environ 45 €).

Enfin, parmi les enregistrements concertants, on retiendra les plus réussis : les concertos pour piano n° 21 et 22 de Mozart par Annie Fischer (EMI/Bergé, 8 €), concertos pour cor de Strauss par Dennis Brain (EMI, 12 € d'occasion), ou encore parmi les références les moins anciennes, les concertos pour piano de Brahms par Stephen Kovacevich (en promotion à 4,99 € sur Amazon.fr) et le concerto pour violoncelle de Dvorak par Natalia Gutman (EMI, environ 5 €, couplé à la 7e de Dvorak avec Philadelphie).

L'opéra et la musique chorale, domaines de prédilection

Mais le principal legs de Sawallisch concerne peut-être avant tout la musique lyrique et chorale. Au cœur de ses enregistrements d'opéra : Wagner et Strauss, comme pour les chefs dont on peut aisément le rapprocher, à commencer par Böhm. Pour Wagner, on se tournera avant tout vers les live. Ceux jadis publiés sous étiquette Philips/Decca, notamment un Lohengrin de référence, sont hélas épuisés. Le catalogue EMI n'est pas beaucoup mieux mis en valeur : le Ring du Bayerische Staatsoper est largement épuisé (environ 50 € d'occasion), et l'on doit se contenter des Maîtres chanteurs de 1993, avec Weikl, Heppner et Studer, en réédition à paraître le 25 mars (environ 20 €). Enfin, quelques live majeurs sont disponibles ailleurs, comme le Tristan de ses débuts avec Birgit Nilsson et Wolfgang Windgassen en 1958 (Myto), le Vaisseau fantôme de 1959 à Bayreuth (Golden Melodram). L'indispensable Rienzi chez Orfeo est hélas épuisé...

Du côté de Richard Strauss, si Elektra avec Eva Marton (EMI, environ 10 €) est soumise à rude concurrence, et balayée (sauf pour la prise de son...) par le live avec Birgit Nilsson en Italie, en 1971 (Opera d'oro, environ 8 €), en revanche le studio de Capriccio avec Schwartzkopf, pour EMI en 1957 (bien réédité par Naxos) est tout à fait à la hauteur de sa réputation. Il ne faudrait pas pour autant oublier le superbe Arabella avec Julia Varady et Fischer-Dieskau (Orfeo), enregistré avec l'orchestre d'État de Bavière.

Deux références lyriques supplémentaires sont à ne pas oublier. Mozart d'abord, avec La Flûte enchantée : si le DVD avec Popp et Gruberova, mis en scène par Everding (DG, environ 12 €) est déjà superbe, la version CD enregistrée pour EMI avec Anneliese Rothenberger, Edda Moser, Peter Schreier et Walter Berry est lumineuse, s'imposant parmi les meilleures... et elle se trouve aux environs de 5 € ! Enfin, Sawallisch laisse un Barbe-Bleue de Bartok, avec Fischer-Dieskau et Varady (DG), version intéressante, épuisée mais disponible d'occasion sur Marketplace, autour de 10 €.

Enfin, peut-être la réalisation la plus aboutie, la plus indispensable du chef : l'intégrale des œuvres chorales sacrées et profanes de Schubert (EMI), enregistrée avec la radio bavaroise et disponible en coffret 11 CD à moins de 25 €, est un monument incontournable, servi par une nuée de solistes magnifiques (Fischer-Dieskau, Popp, Schreier, Donath, Tear, Behrens, Fassbaender...). On peut trouver un aperçu de cette réussite esthétique avec la Deutsche Messe, l'un des quelques disques de Schubert qui n'ont pas de prix (mais qui, en l'occurrence, coûte moins de 5 €).