jeudi 3 mars 2011

Mahler : intégrale idéale sur Marketplace (4) : lieder et œuvres de jeunesse




Après avoir dressé une discographie comparative qualité/prix des symphonies (partie 1, partie 2, partie 3), voici venu le moment de conclure (ou presque) par les œuvres vocales et par les quelques raretés qui complètent le legs mahlérien.

Cycles pour voix et orchestre
Si je ne devais recommander qu'un seul CD de musique vocale de Mahler (si ce n'est un seul CD de Mahler), ce serait sans aucun doute celui de Janet Baker avec John Barbirolli (4,80 €), réunissant les Kindertotenlieder, les Rückertlieder et les Lieder eines fahrenden Gesellen : un album dans lequel la perfection vocale côtoie un Philharmonia Orchestra dans l'un de ses meilleurs disques, avec une richesse de timbres et un détail sonore saisissants.
Toutefois, pour découvrir les cycles vocaux de Mahler, le double CD Philips/Haïtink est une affaire en or, avec quatre de ces œuvres dans des interprétations splendides, malgré la légère distance ou froideur que certains reprochent habituellement au chef hollandais (quand d'autres y voient une sobriété de bon aloi). Quoi qu'il en soit, peu de versions rivalisent avec celles réunies ici. On pourra toutefois enrichir sa connaissance de ces œuvres avec la classique version Ferrier-Patzak-Walter (5,22 €) du Chant de la Terre, la plus émouvante, et la splendide version Ludwig-Wunderlich-Klemperer (5,60 €), inégalée à ce jour. Concernant les Lieder eines fahrenden Gesellen, l'inévitable version Dietrich-Fischer Dieskau - Wilhelm Furtwängler (6,50 €) existe aussi chez d'autres éditeurs, parfois pour moins cher (domaine public) : l'édition EMI offre toutefois aussi de fameux Kindertotenlieder enregistrés sous la direction de Rudolf Kempe. Ce dernier cycle est peut-être encore plus connu dans la version de Kathleen Ferrier avec Bruno Walter (5,14 €), l'un des grands disques de la contralto anglaise. Enfin, pour les Lieder d'après Des Knaben Wunderhorn, la lecture de Schwarzkopf et Fischer-Dieskau, avec George Szell est incontournable, malgré un maniérisme vocal qui peut faire regretter Haïtink.
La cantate Klagende Lied est en revanche encore très peu enregistrée, et les versions existantes sont souvent épuisées (celle de Boulez avec Elisabeth Söderstrom) ou un peu plus chères (Haïtink avec Heather Harper, sur un double CD avec la très recommandable symphonie n° 3).  La version de Riccardo Chailly s'impose donc aisément comme une référence. Quant aux splendides Lieder sur des poèmes de Rückert, Brigitte Fassbaender en donne une lecture très satisfaisante, même si l'on trouvera certainement plus émouvant dans la discographie pléthorique.

Autres œuvres
Ces lieder de jeunesse, peu enregistrés, son interprétés avec son naturel habituel par Janet Baker dans cet enregistrement de 1983. Un enregistrement plus ancien, pour lequel Janet Baker est accompagnée de Gerald Moore, est malheureusement indisponible.

Le quatuor inachevé de Mahler est un unique mouvement, unique pièce de musique de chambre conservée parmi toutes les œuvres de jeunesse du compositeur. Cet enregistrement autour de la pianiste turque Idil Biret fait aisément autorité, tant cette œuvre est rare au disque. Il est couplé avec le quintette pour piano et cordes de Franck par les mêmes interprètes. 

Un mouvement supplémentaire, dit « Blumine », faisait initialement partie de la première symphonie de Mahler, repris d'une musique de scène préalablement composée (et perdue) pour Der Trompeter de Joseph Scheffel, et supprimé par le compositeur après les trois premières représentations de la symphonie. Certains enregistrements permettent toutefois de l'entendre, parmi lesquels celui de David Zinman est l'un des plus accessibles et plaisants (sur l'ensemble de la symphonie). Les lectures de Simon Rattle avec le CBSO et de Neeme Järvi avec l'Orchestre d'Écosse sont en effet très difficiles à se procurer.

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Cette intégrale idéale est désormais complète. Les grands cycles vocaux pour 21,05 € frais de port compris permettent de compléter les symphonies pour un total de 92,80 € seulement, ce qui permet de tenir le budget initialement fixé à 100 € ! Toutefois, rajouter les trois derniers compléments fait monter la facture à 114,19 €. Mais cela reste assurément raisonnable pour s'offrir l'intégrale (à quelques raretés près ?) de l'œuvre de Mahler, dans des versions qui seront toutes assurément satisfaisantes, si ce n'est, pour certaines, d'une splendeur absolue !

À venir : un comparatif qualité/prix des coffrets Mahler dans le commerce...