jeudi 10 février 2011

Mahler : intégrale idéale sur Marketplace




Après Beethoven le mois dernier, BPC part à la recherche de l'intégrale mahlérienne au meilleur rapport qualité/prix... Un jeu plus pertinent encore pour Mahler que pour Beethoven, aucun des nombreux cycles réunissant les dix symphonies du compositeur dont on fête aujourd'hui le cent-cinquantième anniversaire n'étant parfait, et tous ayant leurs faiblesses, même les meilleurs. Sans attendre, voici donc le premier volet, consacré aux quatre premières symphonies, ce premier cycle qui établit la réputation de compositeur de Mahler dans les dernières années du XIXe siècle, quatre partitions que réunit notamment l'influence des thèmes déjà développés dans Des Knaben Wunderhorn.

Voir les volets suivants : partie 2 - partie 3 - partie 4.


Symphonie n° 1 en sol majeur « Titan »
Ce choix s'impose immédiatement, tant la version Walter est une référence historique, imposant un saisissement sonore rare, actuellement proposée à un prix sans équivalent. Parmi les versions économiques de la « Titan », celle de Rafael Kubelik avec l'orchestre de la radio bavaroise (2,47 €) offre une richesse sonore et un épanouissement rare, qui en fait l'une des versions favorites des mélomanes. Pour approfondir l'écoute avec une vision différente des deux précédentes, Zubin Mehta et l'orchestre d'Israël (2,85 €) proposent un discours dynamique et direct.


Symphonie n° 2 en ut mineur « Résurrection »
Hélas, le cours de la Résurrection est bien plus élevé que celui de la Titan (et on se demande bien pourquoi). Si cet exercice ne visait qu'à désigner la meilleure version au disque de chaque symphonie, votre serviteur désignerait immédiatement, et sans l'ombre d'un doute, le live bavarois d'Otto Klemperer en 1965, avec Heather Harper et Janet Baker. Un sommet de maîtrise, de vigueur, et des chanteuses au sommet, particulièrement Janet Baker dans le plus bel Urlicht que l'on puisse rêver. Mais cette version étant épuisée (bien que facile à trouver d'occasion pour un prix acceptable), on se tournera plutôt vers la version studio, moins éblouissante, mais clairement parmi les meilleures. La version Zubin Mehta - Vienne, avec Cotrubas et Ludwig (5,92 €), a ses indéfectibles partisans et figure parmi les mieux enregistrées, pour quelques centimes de plus. Les oreilles aventureuses consacreront 3,85 € à la version de l'injustement sous-estimé Günter Neuhold, avec l'orchestre d'Émilie-Romagne, vision énergique enregistrée en public, que viennent relever une émouvante Christa Ludwig et la très jeune Cecilia Gasdia.


Symphonie n° 3 en ré mineur
La plus longue symphonie de Mahler ne peut en aucun cas tenir sur un seul CD, et n'est certes pas la plus économique à se procurer. Mais la version Abbado - Berlin, souvenir d'une mémorable soirée londonienne de 1999, et bizarrement hors de prix en France, est disponible à un excellent prix en import anglais. La version de Simon Rattle à Birmingham, avec Birgit Remmert (5,87 €), est l'un des meilleurs enregistrements mahlériens du chef anglais, et ne laissera personne indifférent avec son dernier mouvement, plus rapide qu'à l'habitude (mais résultant du souci de différencier le Langsam du Sehr Langsam du troisième mouvement). La référence établie dès 1966 par Bernard Haïtink avec le Concertgebouw et Maureen Forester, est le sommet de son intégrale amstellodamoise (cycle dans l'ensemble assez vieilli) mais se trouve difficilement en-dessous d'une douzaine d'euros.


Symphonie n° 4 en sol majeur
La quatrième est la plus enregistrée des symphonies de Mahler avec la populaire Titan, sans doute parce qu'elle constitue sa partition orchestrale la plus accessible (musicalement et techniquement). Pourtant, les versions excellentes ne sont pas si nombreuses, en particulier en raison du dernier mouvement qui exige une voix de soprano d'une légèreté enfantine. La version de George Szell est un classique indémodable et incontournable à ce prix, par ailleurs bien meilleure que la sixième du chef hongrois. On peut également se tourner vers la vision de Klaus Tennstedt avec le London Philharmonic et Lucia Popp, comme on peut l'imaginer très adaptée à cette page vocale (4,44 €). Mais la palme de la plus belle voix revient sans hésitation à Reri Grist, avec Leonard Bernstein et le New York Philharmonic, version insurpassable (4,20 €).


Premier bilan : 4 symphonies dans des versions allant de l'excellent à l'inoubliable. 3 CDs et un double CD, pour un total de 25,73 € en comptant les frais de port ! Cette recherche ne pouvait pas mieux commencer, et à ce rythme, on peut envisager une véritable intégrale de Mahler (y compris les pièces marginales) dans d'excellentes versions, et à moins de 100 €. Rendez-vous prochainement pour le second volet...